Que mange un vers de terre et comment bien le nourrir dans un composteur

Que mange un vers de terre et comment bien le nourrir dans un composteur

Le rôle essentiel du vers de terre dans un composteur

Ah, le valeureux vers de terre ! Longtemps mal aimé, ce petit invertébré est pourtant l’un des plus grands alliés des amateurs de compost. Silencieux, efficace et infatigable, il transforme nos déchets organiques en or pour le sol : le lombricompost. Avant de vouloir l’inviter à s’installer dans notre composteur, encore faut-il savoir ce qu’il mange… et ce qu’il n’aime pas du tout ! Nourrir correctement ses vers, c’est assurer un compost sain et actif, sans odeur désagréable ni invasion de moucherons.

Qui sont ces vers de compost exactement ?

Dans un composteur domestique, on ne parle pas du vers de terre que vous voyez parfois lors de vos balades pluvieuses (le lombric commun des jardins), mais d’espèces bien spécifiques : Eisenia fetida (le plus courant), Eisenia andrei ou encore Eisenia hortensis. Ces vers rouges sont des champions de la décomposition, particulièrement friands de matière organique en cours de fermentation.

Contrairement à d’autres vers, ils vivent en surface, dans les 10 premiers centimètres du compost, là où se trouvent les déchets fraîchement déposés. C’est pourquoi ils sont parfaits pour le lombricompostage domestique, en intérieur comme en extérieur.

Que mange un vers de terre dans le composteur ?

Les vers de compost ne sont pas difficiles, mais ils ont leurs petits caprices ! Leur alimentation repose sur une base équilibrée de matières « vertes » et « brunes ». Voici ce qu’ils adorent :

  • Épluchures de légumes et de fruits : carottes, pommes, courgettes, bananes (sans autocollant !), etc. Plus c’est coupé finement, plus ça va vite.
  • Filtres à café et marc de café : sans les agrafes si vous utilisez des filtres papier. Un vrai régal pour eux !
  • Coquilles d’œufs écrasées : riches en calcium, elles limitent l’acidité du compost.
  • Petits morceaux de cartons non imprimés : boîte d’œufs, rouleaux de papier toilette, serviettes en papier usagées.
  • Restes de légumes cuits, non gras : purées, haricots verts, courge… attention toutefois à ne pas y ajouter d’huile ou de sel.
Lire  le lombricompostage: un guide complet pour débuter

En résumé, vos vers raffolent de tout ce qui est naturel, végétal, non transformé, et en petite quantité. Vous les verrez se déplacer rapidement vers leurs mets préférés en laissant derrière eux un précieux lombricompost, fin et noir.

Les aliments à éviter (même s’ils sont « naturels »)

Si vos vers sont gourmands, ils ont tout de même des interdits. Trop leur en donner, c’est risquer un déséquilibre dans le composteur… et faire fuir vos colocataires :

  • Ail, oignon, agrumes, épices fortes : ce sont des aliments trop acides ou irritants.
  • Produits d’origine animale : viande, poisson, fromages, œufs entiers. Ils attirent nuisibles et mauvaises odeurs… et vos vers vous diront non merci.
  • Pain, pâtisseries, riz, pâtes : trop riches en glucides et susceptibles de fermenter trop vite.
  • Plantes malades ou traitées : elles risquent de propager des parasites ou de nuire à votre colonie de vers.

Un conseil : si vous n’êtes pas sûr, posez-vous une question simple. Est-ce que cette matière va rapidement se décomposer sans problème ni production de gaz toxique ? Si la réponse est non… abstenez-vous !

La règle d’or : varié et en petites quantités

On me demande souvent : « Combien de déchets peut-on donner aux vers chaque jour ? » Il n’y a pas de réponse universelle, mais une règle de pouce : un vers adulte peut consommer l’équivalent de son poids en matière organique chaque jour. Si vous avez 500 grammes de vers, ne leur donnez pas plus de 500 grammes de nourriture par jour… et seulement si votre colonie est bien installée.

Le mot-clé ici, c’est progression. Commencez doucement, avec peu de matière, et observez comment vos vers réagissent. Si la nourriture reste intacte au bout de quelques jours, c’est que vous avez été trop généreux. Ajustez en fonction !

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Petits gestes qui font la différence

Envie que vos vers vivent leur meilleure vie ? Voici quelques bonnes pratiques toutes simples qui peuvent tout changer :

  • Découpez ou écrasez les déchets : plus c’est petit, plus c’est digeste pour eux.
  • Ajoutez du carton brun régulièrement : pour équilibrer l’humidité et éviter les odeurs.
  • Aérez le compost de temps en temps, avec une fourchette ou une baguette, pour éviter que le fond ne devienne trop compact.
  • Vérifiez l’humidité : trop sec, vos vers s’enfuiront ; trop humide, cela commencera à sentir mauvais. La texture idéale est celle d’une éponge essorée.

Un petit rituel hebdomadaire suffit souvent : couper les déchets, bien répartir, saupoudrer d’un peu de carton 🔁. L’habitude se prend vite !

Anecdote de lombricomposteuse : « Les bananes, des limaces et des surprises »

Un petit clin d’œil personnel : je me souviens encore de mes débuts en lombricompostage. J’étais toute fière en donnant aux vers une peau de banane (bio, bien sûr), en pensant que c’était le Graal. Le problème ? J’ai oublié de la découper et… surprise, quelques jours plus tard, des petites limaces avaient élu domicile à l’intérieur ! Résultat : j’ai dû évacuer toute une zone du composteur avec une pince. Depuis, je découpe minutieusement et je prends le temps de bien observer. Moralité ? Même les déchets les plus “parfaits” peuvent devenir des squats à indésirables si on n’y prend pas garde.

Comment reconnaître un vers bien nourri ?

Un vers heureux est actif… mais discret. Vous pouvez deviner leur bonne santé à plusieurs signes :

  • Le compost se transforme rapidement, avec une texture fine et une bonne odeur de terre de forêt.
  • Les vers restent dans le compost, ne tentent pas de s’échapper par les couvercles ou les bouches d’aération.
  • Peu ou pas de moucherons : signe que le compost est équilibré et que rien ne fermente inutilement.
  • Pas d’odeurs désagréables : si ça sent mauvais, votre compost est trop humide, trop riche, ou mal aéré.
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Vos vers sont un bon baromètre de votre composteur. Ils vous indiquent si tout roule… ou s’il est temps de revoir votre menu !

Et l’hiver, ils mangent quoi ?

Durant les périodes plus froides, vos vers ralentissent leur activité. Comme tous les organismes vivants, ils adaptent leur métabolisme. Cela signifie que vous devrez modérer les apports. Un composteur en extérieur peut voir son activité chuter sérieusement : il est alors préférable de couvrir d’une bonne couche isolante (carton, paille) ou, si possible, de le déplacer dans un endroit plus tempéré.

En intérieur – et c’est l’un des gros avantages du lombricompostage urbain – vos vers continueront à manger à un rythme raisonnable, tant que la température reste entre 15 et 25°C. Moins de gaspillage alimentaire et un compost actif même en hiver ? Jackpot !

Nos amis, pas nos esclaves

Oui, les vers sont des travailleurs infatigables, mais leur bien-être est la clé du succès de votre compost. Offrez-leur une alimentation variée, un environnement stable, et un peu d’attention régulière… et ils vous le rendront au centuple avec un compost riche, vivant, parfait pour nourrir vos plantes, potager ou jardinières.

Vous débutez ? Pas de panique. Vos vers vous apprendront la patience. Observez-les, testez des ajustements, amusez-vous. C’est une belle aventure organique, tout en lenteur, respect et humilité. Le compost, c’est aussi ça : réapprendre à vivre au rythme de la nature, même au cœur de la cuisine.

Alors, prêt.e à choyer vos petits recycleurs slimy ? Ils n’attendent qu’un bon repas !

By Eline